Il y a un mois, Alexandre vous a officiellement demandé d’être sa femme. Et il ne s’est pas moqué de vous ! Romantique, il a profité d’un voyage en amoureux pour s’agenouiller et demander votre main en bonne et due forme. Certes, depuis le mariage de Florence et Romain l’année dernière, vous avez glissé ici ou là quelques allusions et peut être aussi laissé tomber quelques sous entendus mais… bref, prise ou dépourvue, vous avez heureusement réussi à retrouver vos esprits assez vite pour accepter la proposition.
Vous voilà donc officiellement fiancée et depuis, vous nagez dans le bonheur ! Le monde est merveilleux, les gens adorables, Alexandre l’homme idéal et votre mariage s’annonce comme le plus beau jour de votre vie. D’ailleurs, depuis quelques jours, vous travaillez tous les deux sur la liste des invités du mariage et, bien sur, tout se passe pour le mieux.
D’accord vous n’aimez pas beaucoup son oncle Denis, pour qui Jean Marie Bigard et les blagues sur les blondes représentent la panacée du sens de l’humour mais, après tout, ce n’est pas pire que votre marraine qui appelle systématiquement Alexandre « Julien »… du prénom de votre ex.
Bien conscients de la difficulté d’arriver à un résultat idéal et de l’importance de faire des efforts et des compromis dans un couple, vous cochez un à un chacun des noms, heureux de si bien vous entendre. Quand tout à coup, patatra !
La tête ailleurs, vous avez lancé ça comme ça, en préparant le petit déjeuner « Je me demande si Arnaud pourra faire le déplacement, depuis qu’il vit à Amsterdam, on le voit moins… ». Vous n’aviez pas encore terminé votre phrase qu’Alexandre s’était déjà redressé, avait posé son bol de café avec fracas pour vous dévisager fixement avec rancune. Stupéfaite, vous vous apprêtez à l’interroger quand soudain tout s’éclaire: il y a quelques années, bien avant Alexandre donc, vous avez eu une amourette avec votre copain Arnaud, vous aviez complètement oublié cette histoire mais apparemment Alexandre, lui, s’en souvient très bien. « Parce que tu n’imagines pas que ce type va venir à mon mariage » attaque t’il avec dédain. Et ce fut la dégringolade !
Piquée au vif, vous lui rétorquez que c’est aussi votre mariage, que vous avez quand même le droit d’inviter qui vous voulez et que, s’il veut savoir, vous n’êtes pas non plus une grande fan de toutes ses copines. «
Des copines, pas des ex » rétorque-t-il, têtu. Devant tant de mauvaise foie, vous vous énervez à votre tour et répliquez que c’est lui qui le dit, que des femmes ont brulé leur soutien gorge il y a vingt ans pour avoir le droit de faire leurs choix et que vous ne dites rien sur sa copine Mélanie que vous détestez avec constance depuis votre première rencontre. Vous l’entendez vaguement marmonner quelque chose comme « Mélanie est une fille très chouette » avant de lui jeter votre tartine à la figure et de partir dignement vous réfugier dans la salle de bain.
Vous avez tourné le verrou par mesure de précaution mais, quelques minutes plus tard, vous entendez la porte d’entrée claquer derrière un Alexandre visiblement très énervé. Bien fait !
Un jour passe, puis deux, puis trois, vous rongez votre frein, prête à accepter des excuses avec mansuétudes…Mais rien ! Alexandre campe sur ses positions, vous refusez de faire le premier pas, et il s’endort tous les soirs en vous tournant le dos.
Après quatre jours à ce régime, vous décidez de prendre les choses en main et de crever l’abcès. Le soir venu, vous rentrez chez vous remontée comme un coucou bien décidée à ne pas passer une nouvelle soirée de silences boudeurs et de regards en coin.
Surprise ! Alexandre, qui a manifestement eu la même idée, vous attend attablé autour de la table du salon, apparemment prêt pour un second round. Qu’à cela ne tienne, il va voir de quel bois vous vous chauffez !
La tête haute, vous vous asseyez en face de lui sans un mot, prête à gagner la partie. Comme un joueur de poker, il abaisse sans attendre sa première carte : « Mélanie est une amie de quinze ans, je ne peux pas ne pas l’inviter, on a passé toutes nos vacances ensemble et ma mère et la sienne jouent aux cartes tous les weekends ». Vous haussez les épaules et jouez votre atout cœur. «Dans ce cas, tu comprendras bien qu’Arthur doit venir ». Alexandre déteste Arthur, un ami d’enfance, depuis que votre mère a révélé un peu pompette qu’à dix ans, vous accrochiez une photo de lui au dessus de votre lit. « Arthur? » Vous avez gagné.
Alexandre panique et abaisse d’un coup toutes ses cartes «Je suis d’accord pour Arnaud mais peut être qu’on pourrait se passer d’Arthur, il y aura déjà beaucoup de monde…Mélanie bien sur, c’est impossible…mais je suis prêt à un compromis ».
Vous attendez la suite en vous limant un ongle. « Par exemple, je ne pensais pas inviter Frédérique…après tout je ne l’ai pas vue depuis longtemps, il faut bien mettre la limite quelque part… ». Vous détestez cordialement Frédérique qui est toujours de bonne humeur et qui parle en faisant des grands gestes avec les mains mais Alexandre la trouve « pétillante » et son absence à votre mariage est une véritable aubaine.
Fine mouche, vous n’en montrez rien et acceptez du bout des lèvres «D’accord…après tout il faut bien que chacun y mette du sien ».
Soulagé, Alexandre vous remercie et vous propose de continuer cette discussion dans votre restaurant japonais préféré. Sur le chemin, il vous offre des fleurs et vous terminez sans nouvelle dispute la liste des invités. Au retour, main dans la main, vous vous félicitez mutuellement de votre capacité à communiquer et à faire des compromis.
De toute façon, vous avez vérifié, Arthur est en Australie jusqu'à l’année prochaine !
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